Le départ de la course Gordon Bennett 2016 aura lieu demain soir à Gladbeck, en Allemagne
OLIVIER WYSER
Fribourg Challenge » Ils vont survoler l’Europe durant plusieurs jours dans leur ballon à gaz. Après le report, pour des raisons météorologiques, du départ initialement prévu hier soir, les deux aérostiers du Fribourg Challenge, Laurent Sciboz et Nicolas Tièche, s’envoleront demain soir de Gladbeck, près de Düsseldorf en Allemagne, aux alentours de 23 heures. Engagés pour la deuxième année dans la course de ballons à gaz Gordon Bennett sous les couleurs fribourgeoises, les deux hommes ont d’ores et déjà pris leurs marques sur le lieu du départ. Pour rappel, l’équipe du Fribourg Challenge est soutenue par les quatre piliers de l’économie fribourgeoise: la Banque cantonale, l’ECAB, Groupe E et les Transports publics fribourgeois, en partenariat avec l’association Fribourgissima Image Fribourg.
La Mecque du ballon à gaz
«L’infrastructure à Gladbeck est très belle. Il faut dire que c’est le saint des saints du ballon à gaz, le terrain de décollage le plus prestigieux d’Europe. Ce départ repoussé à dimanche soir nous permet de mieux préparer la course, notamment l’équipe du poste de commandement, basée à Fribourg», explique Laurent Sciboz après avoir achevé la procédure d’enregistrement. En raison d’une double dépression et de violents orages, les organisateurs de la course ont préféré retarder le départ afin d’offrir aux équipes les meilleures conditions de vol possibles. «Nous sommes sûrs à 95% que les ballons s’envoleront dimanche soir. D’après les prévisions météo, les vents devraient nous emmener vers le sud de l’Europe, peut-être même que nous survolerons les Alpes avant de nous diriger vers la Grèce. Le vol s’annonce compliqué et long, notamment en raison du froid et de l’humidité», explique l’aérostier fribourgeois.
Laurent Sciboz est informaticien et pratique le vol libre depuis 1989 comme pilote de parapente et dès 2011 comme pilote de ballon. Il a déjà participé à la coupe aéronautique Gordon Bennett en 2014 et 2015. Son compère, Nicolas Tièche, est quant à lui ingénieur en chimie dans l’industrie pharmaceutique et la biotechnologie. Ce passionné de sport a fait son premier vol en 1978 et pilote depuis 1985. Il apprécie particulièrement les vols de distance sur les Alpes et les vols de nuit. Il détient les records suisses d’altitude (11 450 m) et de distance (703 km). Il a participé à la Bennett en 2004, 2011, 2014 et 2015.
Une fois en l’air, les deux pilotes se retrouvent en quelque sorte «aveugles». Heureusement, une équipe au sol, composée de professionnels, a pour mission de les guider. Le chef du poste de commandement de la course, établi dans les sous-sols de la BCF, à Fribourg, est Jacques-Antoine Besnard. Celui que l’on nomme Jacot est pilote de delta, de parapente, de dirigeable à air chaud et de ballon à air chaud. Il est quadruple champion du monde de dirigeable. Son rôle est de coordonner toutes les compétences du PC course et d’assurer le lien avec les deux aérostiers installés dans la minuscule nacelle.
Affronter le froid
Le météorologue et routeur Wim de Troyer, de l’Institut royal météorologique de Belgique et membre de Solar Impulse, fera partie de l’équipe au sol. Il sera entouré d’autres météorologues, de contrôleurs aériens et d’informaticiens. «La course s’annonce moins calme qu’en 2015. Nous devons notamment emballer les sacs de sable afin qu’ils ne gèlent pas en altitude. Nous devons embarquer également des grosses vestes et du matériel supplémentaire pour affronter le froid qui s’annonce très rude», explique Nicolas Tièche.
La vie à bord de la nacelle ne s’annonce pas triste. De la taille d’une table environ, l’habitacle ne permet pas aux aérostiers d’emporter beaucoup de matériel, d’autant plus que chaque gramme compte si on veut aller loin. «Comme il est fort probable que nous devions survoler la mer, nous devons emmener avec nous un canot de sauvetage. Ce qui rend l’espace habitable encore plus minuscule», indique encore Nicolas Tièche.
A Epagny l’année prochaine
A ce jour, six équipages suisses ont gagné la Gordon Bennett. Mais aucun Romand ne l’a jamais remportée. Après une très belle troisième place du ballon fribourgeois l’année dernière, il est permis de rêver et l’équipage fribourgeois vise le sommet.
En 2017, la Gordon Bennett partira depuis le canton de Fribourg, à Epagny. Le comité d’organisation fribourgeois est actuellement sur place pour apprendre les ficelles d’une course réussie. «C’est une bonne chose de voir sur place quels sont les défis et quels sont les besoins en termes d’infrastructures», explique l’aérostier Laurent Sciboz. La 61e édition de la Gordon Bennett se déroulera du 7 au 16 septembre 2017.
La course en direct
Il est possible de suivre l’évolution de la course en direct sur internet et les réseaux sociaux.
Pour suivre la Gordon Bennett 2016 en direct, rien de plus simple. Le site internet www.frchallenge.ch propose des vidéos de présentation, ainsi que des informations sur les règles de la course ou encore sur les subtilités techniques du matériel. Le site officiel de la course est www.gordonbennett.org. Le public pourra suivre les exploits des vingt-quatre ballons engagés dans la course grâce à des cartes dynamiques qui affichent en temps réel la progression des équipes. Les réseaux sociaux ne seront pas en reste puisque les aérostiers du Fribourg Challenge publieront régulièrement des photos de leur périple sur Facebook, Twitter et Instagram.
La distance record parcourue par un ballon lors d’une Gordon Bennett est de 3400 kilomètres. Un record établi en 1906. La distance moyenne des dix dernières éditions est quant à elle de 1900 kilomètres. Autant dire que la course pourrait bien durer quelques jours, selon les conditions météorologiques. Cependant, les aérostiers fribourgeois s’attendent à atterrir plus vite que lors de l’édition 2015, qui était partie de Pau, en France. En effet, Gladbeck est située bien plus au centre de l’Europe, réduisant ainsi l’aire de jeu. OW
